L’inachevé de la joie – 34
Au refus global nous opposons la responsabilité entière
Forillon, parc de Forillon, Québec 48.75140637928532, -64.1611787557531 Non pas sphère, mais objet sphérique, spiralant, en l'espace-temps. *** La responsabilité entière. *** La responsabilité entière de chaque lieu, en chaque lieu. *** Comme le fleuve prend les eaux du Québec et les amène à l'Océan. *** Intrication du dessin au corps, des lettres aux corps. Forillon. **** Forillon évoque cette responsabilité entière. Les mouvements si précis et inéluctables de la Terre. Sans le verbe, on voit, un instant, toute son étendue, tout son foisonnement. Il ne s'agit pas du silence, mais du vide foisonnant dans lequel notre corps parle. Notre responsabilité: ce langage foisonnant. *** Notre responsabilité est un langage imaginaire, celui de la terre dont nous sommes faits. Nous nions notre intrication à ce langage. *** Il est un prolongement de l'univers. Ainsi à Forillon culmine la côte de la Gaspésie de l'estuaire. Les falaises la prolongent en flamboyant. *** La vie sur terre est le résultat d'une multitude d'évènements. Peut-on nommer l'univers un chaos alors que l'on sait que la vie est organisée, se déroule de façon stricte et ordonnée en produisant des hasards? Des hasards et de l'ordre. Un ordre fourmillant de hasards. Un chaos dont l'ordre provoque inéluctablement notre mort. *** Au promontoire de Forillon, je vois le hasard à dos de baleine, qui plonge. *** Une pensée sphérique: le dos de baleine suit la surface courbe de l'Océan, prolonge sa nage, d'un Océan à l'autre, dans la rotondité de la terre. La baleine le sait-elle? L'appréhende-t-elle? Je le sais, sans le comprendre, l'influence de la forme de la terre sur la circulation constante de l'énergie et de mon énergie. *** La falaise de Forillon Dos de baleines À mon souffle À ma respiration *** Dans une chute Lancé, suivant la courbe Dans l'air, dans l'eau La nage, l'envol Avec le mouvement circulaire L'abondance des possibles Joué dans l'ellipse de l'orbite Sur la terre dans l'indicible Avec la rotondité spiralant À chaque instant rencontrant un espace nouveau Le souffle lié à Forillon aux respirations des baleines plongeant *** La responsabilité entière. À cette responsabilité il faut joindre l'émerveillement de ce qui est nommé nature, plus exactement de l'univers et de certaines de nos réalisations. Comme le satellite James Web. *** Ni tombe ni noyade Envol en suspens Sur la terre dans l'indécidable En accord avec la rotondité spiralée À chaque instant rencontrant un espace nouveau Le souffle liè à Forillon et aux respirations des baleines plongeant *** Le gisant Forillon Homme ébloui, au bout de ses peines, devenu de pierre, homme fossile couché qui se lève aux eaux salées des vies abondantes, pour coucher des mots. Je passe tout contre lui, dans la sphéricité de la terre, invoquant les crues des eaux ou les marées désaltérantes aux sauts de lune, la tête un peu levée devant ce promontoire où s'assoir et embrasser du regard l'eau, le ciel et la peau mouillée des baleines, devenir être de pierre un instant, comme lui, être la côte qui accueille et sur laquelle l'eau se brise et qu'elle brise. *** Le temps n'existe pas en tant que tel. Son extraction de l'espace-temps du lieu est le signe du travail, du corps harnaché, sans son lieu, sans les imaginations de ces lieux, les cultures de ces lieux. *** Ne pas entendre le lieu. L'écoute différée du lieu. Au promontoire de Forillon, un vent, le soleil, les vagues en bas contre les rochers. Comme dans un silence. *** La responsabilité entière de la terre, dévoilée. Les vivants sur l'entièreté de la rotondité de la terre, sur l'humus, dans les eaux, sur les pierres aux énergies cosmiques, en chacun des corps, la vibration, sur l'étendue dévoilée des champs, des forêts, des savanes, chacun des vivants, chaque vie au cœur de chacun. *** Traces minérales des spirales. *** Vers le fleuve